Stage de chant adressé aux adultes et aux adolescent.e.s
Dirigé par Cécile Evrot et Emmanuelle Martin
La découverte de la voix à travers deux traditions : le chant flamenco (Espagne du Sud) et le chant carnatique (Inde du Sud)
Oser suivre l’élan, l’intensité, le cœur. Oser dépasser les à priori, sur ce qui est possible et sur ce qui ne l’est pas. Le simple fait de chanter, à pleine voix, permet de se mettre en contact avec son propre élan vital, et de dépasser les limites qui nous sont souvent imposées. Oser explorer sa créativité dans un environnement bienveillant, et ce, par l’approche vocale et musicale de ces deux traditions.
En chant flamenco, comme en chant carnatique, on aborde la voix d’une manière directe et sans-filtre. Une voix dite « organique ».
Lors de ce stage, qui s’adresse principalement à un public adolescent mais qui sera aussi ouvert à quelques adultes désireux de s’initier à cette expérience vocale et musicale, nous vous invitons à venir explorer ensemble le vrai, grand potentiel de la VOIX par le biais de ces deux traditions : le chant flamenco et le chant carnatique.
Cécile Evrot (chant flamenco) et Emmanuelle Martin (chant carnatique), pédagogues expérimentées, allient leurs expériences vocales et musicales pour développer un processus vivant d’exploration autour de la voix. Elles partagent des parcours similaires, ayant toutes deux quitté la France à l’adolescence pour aller s’immerger dans des cultures différentes de la leur et se consacrer durant de nombreuses années à l’apprentissage de ces arts traditionnels. Elles en sont revenues transformées. Aujourd’ hui, elles transmettent à leur tour, fidèles à leur tradition ainsi qu’à leur personnalité, leur origine et leur parcours singulier.
Cet atelier-laboratoire expérimental permettra à un groupe d’adolescent.e.s et d’adultes de travailler ensemble durant 5 journées consécutives autour de l’expression vocale selon ces deux traditions musicales.
Emmanuelle Martin // Photo : Natalie Durham
FLAMENCO
Bien avant d’être une musique de scène, le flamenco est d’abord un mode d’expression qui accompagne tous les moments de la vie, du plus solennel au plus joyeux.
En Andalousie (région du sud de l’Espagne où est né le flamenco), il n’est pas rare de voir des gens chanter et danser spontanément dans la rue, s’accompagner avec des « palmas » (frappes de mains) pour manifester un moment de joie, puis reprendre quelques minutes plus tard le cours de leurs activités. Découvrir le chant flamenco, c’est goûter à une voix pleine, généreuse et sans demi-mesure. C’est surfer sur le groove du « compas » (cycle rythmique flamenco) et jouer avec lui. C’est laisser l’émotion surgir à travers une mélodie et la partager avec celles et ceux qui nous entourent.
Initiée à la plus pure tradition flamenca, Cécile Evrot propose une approche sensitive du chant, basée sur la transmission orale, le travail du souffle, la projection du son et son ornementation, l’appropriation du rythme dans le corps, dans le plaisir et le respect des valeurs fondamentales du flamenco.
CARNATIQUE
En Inde du Sud, l’approche de la tradition carnatique que transmet Emmanuelle Martin, propose une voix directe, forte et ouverte, celle qui « vient des tripes ». La pratique des fondamentaux, puis des compositions et de l’improvisation permet un rapport à la voix direct et organique. Cette approche met en lien la musicalité et la voix au service du processus créatif: oser sortir sa voix, oser prendre sa place. Il s’agit aussi de développer l’écoute: que signifie vraiment écouter ? Prendre conscience de l’espace sonore qu’occupe la tampura1, écouter les swara (notes), s’écouter soi-même et les autres dans une attitude d’accueil et de bienveillance.
Dans la continuité de ce stage et en partenariat avec l’ARTA, Cécile et Emmanuelle présenteront leur nouvelle création le 1er novembre au 360 Music Factory.
Programme pédagogique complet (PDF)
Cécile Evrot // Photo : Matthias Ferenc Mak
Le chant flamenco, c’est quoi ?
L’Andalousie (Espagne du Sud) est le berceau métissé qui a vu naître le flamenco.
Pendant plusieurs siècles, les cultures arabes, juives et chrétiennes s’y sont côtoyées, créant un terreau musical fertile que le peuple gitan, arrivé d’Inde quelques temps après, va intégrer et sublimer, donnant naissance au flamenco.
Le chant est à la source de toute la culture flamenca. Mode d’expression des peuples marginalisés, il se transmet d’une génération à l’autre, accompagne les moments de recueillement et de fête, et se pare de différentes couleurs selon les régions d’Andalousie.
Accompagné de palmas (frappes de main), de guitare et/ou de danse, ou dans le silence le plus complet, il traverse les âges et rencontre même aujourd’hui la culture urbaine dans des projets comme ceux de l’artiste pop Rosalía, par exemple.
La musique carnatique, c’est quoi ?
C’est la musique classique et traditionnelle de l’Inde du Sud. Même si elle est en constante évolution, la forme telle qu’on la pratique aujourd’hui date d’il y a deux cent ans environ. C’est une musique dite modale qui se base, comme les autres formes de musique indienne, sur le principe de raga (modes mélodiques) et des tala (cycles rythmiques). Les compositions datent pour la plupart du XIXe siècle et sont l’œuvre de trois compositeurs qui forment la « trinité carnatique » : Tyagaraja, Mutthuswamy Dikshitar et Syama Sastri. La musique carnatique est un équilibre entre composition et improvisation, les deux s’entremêlent et s’enrichissent continuellement.
Emmanuelle Martin // Photo : Kalpana Métayer
Les intervenantes
CÉCILE EVROT rencontre le flamenco à quinze ans, et c’est une révélation. Elle s’oriente instinctivement vers le chant, qu’elle étudie d’abord en autodidacte pendant plusieurs années.Elle se formera ensuite en Espagne auprès des chanteurs José Mendez (Jerez) et Juan José Amador (Sevilla), et forgera son expérience de l’accompagnement de la danse auprès de Carmen Ledesma et Pilar Montoya « La Faraona ». Lors d’un séjour à Séville en 2014, elle fait une rencontre décisive avec le mythique chanteur Juan Peña « El Lebrijano » qui devient son maestro et avec qui elle tissera une relation très forte qui nourrit encore aujourd’hui son approche du chant. De retour à Paris, elle est rapidement sollicitée par la scène flamenca française, passant avec aisance du registre le plus traditionnel aux projets les plus aventureux. Elle collabore notamment avec le compositeur madrilène Diego Farnie au sein du projet flamenco electro Cecile y El Kinki, dont l’album El Jardin de las delicias sort en 2017. En 2021, elle est invitée par le réalisateur Toni Gatlif à chanter pour la présentation de son film Tom Medina au Festival de Cannes, aux côtés de la danseuse Karine Gonzalez. Cantaora intuitive et personnelle, Cécile Evrot se produit régulièrement en France et à l’étranger. Elle est invitée à enseigner le chant flamenco lors de stages et masterclass et développe également son propre projet de compositions en français, nourri d’influences flamencas et dans lequel elle s’accompagne au piano.
EMMANUELLE MARTIN est aujourd’hui une référence en France et en Europe dans le domaine de la musique classique traditionnelle et sacrée du sud de l’Inde, la musique carnatique. C’est un véritable parcours initiatique qu’elle a vécu pendant 10 ans à Chennai, en Inde, où elle s’est consacrée à l’apprentissage de cette musique auprès d’un des plus grands maîtres de cette tradition, Shri T.M Krishna. Depuis son retour en France en 2014, elle voyage entre l’Inde, l’Europe et les Etats-Unis où elle donne des concerts, transmet cet art et continue sa propre pratique. En janvier 2016, elle rejoint Ariane Mnouchkine et la troupe du Théâtre du Soleil afin de former les acteurs au chant et à la musique carnatique pour leur dernière création “Une Chambre en Inde”. En 2021, elle intègre l’équipe pédagogique du C.R.D de Gennevilliers (92), où elle enseigne le chant et la musique carnatique sous forme de masterclass et de conférences mensuelles. Elle y travaille également en collaboration avec les professeurs de Formation Musicale dans une démarche pédagogique qui met en lien l’oralité et l’écriture. En janvier 2022, elle obtient le Diplôme d’Etat de professeur de musique en musiques traditionnelles, spécialité chant et musique carnatique (le premier de cette spécialité à être attribué en France). Passionnée par la pédagogie de la musique, elle affine actuellement l’art de la conférence spectaculaire et participative afin de transmettre des notions musicales très précises sur l’oralité, la modalité, l’ornementation, l’improvisation et l’approche rythmique, dans une démarche qui, à partir de sa propre pratique musicale, cherche à établir des liens avec les pratiques musicales des participant·e·s. Elle est invitée lors de colloques et autres rencontres (CNSMD de Lyon, Centre International des Musiques Médiévales, Société Française d’Ethnomusicologie, Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève). Ancrée dans la musique carnatique, son approche artistique et pédagogique se complète aujourd’hui de rencontres inter-traditionnelles et inter-disciplinaires de plus en plus nombreuses.
Tarifs
300 € (individuel), 600 € (prise en charge Afdas/ Pôle Emploi), 180 € (tarif réduit - 18 ans) + 20 € d’adhésion annuelle
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Tampura : instrument à cordes pincées originaire de l’Inde qui soutient la mélodie d’un autre instrument ou chanteur en fournissant un bourdon harmonique continu. ↩